La rue SaintDenis ne vous vend qu’une robede soie graissée, elle ne
peut que cela. Les plus vertueux négociants vousdisent de l’air le plus
candide ce mot de l’improbité la plus effrénée : Onse tire d’une
mauvaise affaire comme on peut. Blondet vous a fait voirles affaires de
Lyon dans leurs causes et leurs suites ; moi, je vais àl’application de
ma théorie par une anecdote. Un ouvrier en laine, ambitieux et criblé
d’enfants par une femme trop aimée, croit à la République.Mon gars
achète de la laine rouge, et fabrique ces casquettes en laine tricotée
que vous avez pu voir sur la tête de tous les gamins de Paris, etvous
allez savoir pourquoi. La République est vaincue. Après l’affaire
deSaintMéry, les casquettes étaient invendables. soldes sac pliage longchamps
Quand un ouvrier setrouve dans son ménage avec femme, enfants et dix
mille casquettes enlaine rouge dont ne veulent plus les chapeliers
d’aucun bord, il lui passepar la tête autant d’idées qu’il en peut venir
à un banquier bourré de dixmillions d’actions à placer dans une
affaire dont il se défie. Savezvous ce qu’a fait l’ouvrier, ce Law
faubourien, ce Nucingen des casquettes ? Il estallé trouver un dandy
d’estaminet, un de ces farceurs qui font le désespoir des
sergentsdeville dans les bals champêtres aux Barrières, et l’aprié de
jouer le rôle d’un capitaine américain pacotilleur, logé hôtel Meurice,
d’aller désirer dix mille casquettes en laine rouge, chez un riche
chapelier qui en avait encore une dans son étalage. Le chapelier flaire
une affaire avec l’Amérique, accourt chez l’ouvrier, et se rue au
comptant surles casquettes. Vous comprenez : plus de capitaine
américain, mais beaucoup de casquettes. Attaquer la liberté commerciale
à cause de ces inconvénients, ce serait attaquer la Justice sous
prétexte qu’il y a des délitsqu’elle ne punit pas, ou accuser la
Société d’être mal organisée à causedes malheurs qu’elle engendre ! Des
casquettes et de la rue SaintDenis,aux Actions et à la Banque,
concluez ! Couture, une couronne ! dit Blondet en lui mettant sa
serviette tortillée sur sa tête. Je vais plus loin, messieurs. S’il y a
vice dans la théorieactuelle, à qui la faute ? à la Loi ! à la Loi
prise dans son système entier, àla législation ! à ces grands hommes
d’Arrondissement que la Provinceenvoie bouffis d’idées morales, idées
indispensables dans la conduite dela vie à moins de se battre avec la
justice, mais stupides dès qu’elles empêchent un homme de s’élever à la
hauteur où doit se tenir le législateur. longchamp sac pas cher
Que les lois interdisent aux passions tel ou tel développement (le jeu,
laloterie, les Ninons de la borne, tout ce que vous voudrez),
ellesn’extirperont jamais les passions. Tuer les passions, ce serait
tuer la Société, qui, si elle ne les engendre pas, du moins les
développe. Ainsi vousentravez par des restrictions l’envie de jouer qui
gît au fond de tous lescœurs, chez la jeune fille, chez l’homme de
province, comme chez le diplomate, car tout le monde souhaite une
fortune gratis, le Jeu s’exerceaussitôt en d’autres sphères. Vous
supprimez stupidement la Loterie, lescuisinières n’en volent pas moins
leurs maîtres, elles portent leurs vols àune Caisse d’Epargne, et la
mise est pour elles de deux cent cinquantefrancs au lieu d’être de
quarante sous, car les actions industrielles, lescommandites, deviennent
la Loterie, le Jeu sans tapis, mais avec un râteau invisible et un
refait calculé. Les Jeux sont fermés, la Loterie n’existeplus, voilà la
France bien plus morale, crient les imbéciles, comme s’ilsavaient
supprimé les pontes ! on joue toujours ! seulement le bénéficen’est plus
à l’Etat, qui remplace un impôt payé avec plaisir par un impôtgênant,
sans diminuer les suicides, car le joueur ne meurt pas, mais biensa
victime ! Je ne vous parle pas des capitaux à l’étranger, perdus pour
laFrance, ni des loteries de Francfort, contre le colportage desquelles
laConvention avait décerné la peine de mort, et auquel se livraient les
procureurssyndics ! Voilà le sens de la niaise philanthropie de notre
législateur. L’encouragement donné aux Caisses d’Epargne est une
grossesottise politique.Supposez une inquiétude quelconque sur la marche
desaffaires, le gouvernement aura créé la queue de l’argent, comme on
acrée dans la Révolution la queue du pain. solde sur sac longchamp
Autant de caisses, autantd’émeutes. Si dans un coin trois gamins
arborent un seul drapeau, voilàune révolution. Un grand politique doit
être un scélérat abstrait, sansquoi les Sociétés sont mal menées. Un
politique honnête homme est unemachine à vapeur qui sentirait, ou un
pilote qui ferait l’amour en tenantla barre : le bateau sombre. Un
premier ministre qui prend cent millionset qui rend la France grande et
heureuse, n’estil pas préférable à un ministre enterré aux frais de
l’Etat, mais qui a ruiné son pays ? Entre Richelieu, Mazarin, Potemkin,
riches tous trois à chaque époque de trois centsmillions, et le
vertueux Robert Lindet qui n’a su tirer parti ni des assignats, ni des
Biens Nationaux, ou les vertueux imbéciles qui ont perduLouis XVI,
hésiteriezvous ? Va ton train, Bixiou. Je ne vous expliquerai pas,
reprit Bixiou, la nature de l’entreprise inventée par le génie financier
de Nucingen, ce serait d’autant plus inconvenant qu’elle existe encore
aujourd’hui, ses actions sont cotées à laBourse ; les combinaisons
étaient si réelles, l’objet de l’entreprise si vivace, que, créées au
capital nominal de mille francs, établies par une Ordonnance royale,
descendues à trois cents francs, elles ont remonté à septcents francs,
et arriveront au pair après avoir traversé les orages des années , et .
La crise financière de les fit fléchir, la Révolutionde Juillet les
abattit, mais l’affaire a des réalités dans le ventre (Nucingenne
saurait inventer une mauvaise affaire).
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